
Pour que vous compreniez bien comment se forment les rumeurs et comment agir face à elles, je vous présente tout d’abord un texte.
Voici un extrait de l’article « Rumeur, confiance et société civile » de Gary Alan Fine, sociologue et auteur américain, publié sur Cairn : « La source de la rumeur peut prétendre qu’un certain événement se serait passé et qu’un lecteur antérieur répond de son exactitude. On espère ainsi éviter l’accusation de comportement politiquement incorrect, en affirmant qu’on ne fait que rapporter. Même si une telle perspective peut apparaître cynique, elle ne repose pas sur l’hypothèse que les êtres humains sont intentionnellement malhonnêtes. Au contraire, les rumeurs circulent précisément parce qu’elles confortent des croyances raisonnables : il s’agit d’allégations trop bonnes pour être fausses. En général, le locuteur est entièrement convaincu du fait rapporté ou bien il le considère comme suffisamment plausible et digne d’être raconté. Dans ce dernier cas, la rumeur peut être formulée comme une question, comme si l’on cherchait à la confirmer en la partageant avec les autres. »
Lorsque l’on sait cela, quand la rumeur nous concerne, comment faut-il agir ?
On peut partir du constat que la rumeur en tant que telle n’est pas nécessairement faite pour nuire. Pourtant, généralement elle vous pèse. Il y a les rumeurs aussi dont vous n’êtes pas au courant. Des choses se disent sur vous et vous n’en savez rien. Quand on ne sait rien, facile donc d’en faire abstraction. Sauf qu’un jour ou l’autre, cela finit toujours par vous remonter aux oreilles. Et puis, comme tout ce qui se répète, les faits sont modifiés, amplifiés.
Une rumeur ne vient jamais de nulle part. Il y a eu un événement qu’un des acteurs ou des observateurs a été narrer. S’ensuit une chaîne de rapporteurs…
On apprécie rarement savoir que l’on parle sur soi, surtout parce qu’on ne peut pas se défendre et trouver à redire. Comment agir ? S’effondrer ? Attendre que le temps passe ? Durant ce temps, faire profil bas ?
Et si vous en discutiez avec de proches collègues ? Si la rumeur vous ronge, vous pouvez parler avec vos paires, qui doivent aussi en avoir eu vent. Ils pourraient vous venir bien plus en aide que vous ne l’imaginer.
Le fait de se confier est gratifiant pour vos interlocuteurs puisque vous leur donner là une marque de confiance et un rôle de conseiller. Ces mêmes collègues, lorsqu’ils réentendront des rumeurs à votre sujet, pourront prendre votre défense ou mettre fin aux calomnies si les faits ont été sortis de leur contexte.
Bien sûr il y a différents types de rumeurs…
Pour vous rassurer, sachez que tout le monde parle sur tout le monde, même si vous vous faites discret. Vous ne passerez pas entre les mailles du filet. Parler les uns sur les autres permet de combler des vides, d’alimenter des conversations. Il suffit que vous arriviez dans un endroit où les personnes sont en manque d’inspiration et vous devenez l’objet à critiquer.
Cette situation est gênante parce que vous sentez les regards sur vous, le malaise est là. Vous vous sentez scruté et vous savez que vos oreilles vont siffler d’ici peu.
Vous n’empêcherez jamais les commérages. C’est ce qu’on appelle se battre contre des moulins à vent. Mais ces individus sont effectivement des moulins à paroles qui brassent de l’air, autrement dit il n’y a rien de constructif à leur propos. Considérez donc qu’intellectuellement et spirituellement parlant, ces gens ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’éveil et la sagesse. Ceux-ci font partie intégrante du but de la vie pour comprendre les épreuves et toucher le bonheur, la paix intérieure.
Il y a aussi, les rumeurs qui vous incitent à vous questionner. En effet, si parfois elles sont gratuites et sans intérêt, certaines rumeurs sont fondées. Il se peut que vous ayez fait un acte ou pris une décision inadéquate.
Gardez le moral ! Ne vous infligez pas des remontrances à tout va. Vous avez fait une erreur stratégique. Nous pouvons souvent rectifier le tir ou du moins se donner les moyens de le faire et ainsi se racheter une conscience. Acceptez la critique car d’un sens c’est elle qui vous aura fait comprendre votre mauvais choix.
Là encore, ne restez pas replier sur vous-même, à vous morfondre. Discutez-en avec vos proches collègues, ou même des amis hors du travail. Parlez avec des personnes chez qui vous ressentez une certaine sagesse d’esprit. Elles vous indiqueront la façon dont vous pourriez agir et les possibilités qui s’offrent à vous pour changer la donne.
Tant que vous assumez ce que vous faites ou dites, que vous savez reconnaître vos erreurs, les autres cesseront rapidement de tergiverser sur ce qui s’est produit. Ils retiendront de vous que vous avez pour qualité de vous remettre en question et d’agir en conséquence.
Si vous êtes joueur…
Vous pouvez vous amuser des rumeurs. Comme le stipule Gary Alan Fine, dans certains cas, je cite : « En pratique, la plupart des fois, les rumeurs ne sont pas transmises sous forme de propositions affirmatives, mais comme des interrogations ». Les personnes ne savent donc pas où placer le curseur entre le vrai du faux. Vous pouvez alors faire planer le doute et vous dire que pendant ce temps, l’attention se porte sur vous, un peu comme si vous étiez la star du moment. Vous suscitez l’intérêt, ce qui peut être valorisant de temps à autre. À vous d’en juger !
Si les rumeurs font peur, elles peuvent pourtant avoir leur utilité…
Il vous est sûrement arrivé de vous retrouver dans une situation inconfortable où deux protagonistes sont en mésententes. Il se joue des choses qui vous dépassent et vous ne savez pas comment vous comporter. En effet, Gary Alan Fine explique que « les rumeurs qui concernent le passé visent à porter au jour des informations que l’on croît cachées, à expliquer certains événements dissimulés ». Lorsque vous êtes mis au courant des rumeurs, elles vous permettent de cette manière, d’éviter de faire travailler les deux personnes ensemble. Elles peuvent également vous conduire à être imaginatif pour les réconcilier. Tout dépend évidemment de la nature de la discorde.
S’il y a les rumeurs du passé, il y aussi celles sur l’avenir… L’auteur de l’article cité ci-dessus, les appellent « les plans cachés ». Il affirme qu’elles doivent être révélées pour permettre de contrôler l’avenir. Les rumeurs se fonderaient sur une extrapolation qui transforme des intentions en faits réels.
Pour éviter des émeutes sur des non-dits et des suppositions, mieux vaut dans ce cas, tenir informées des perspectives envisagées. Ainsi, les tensions pourront s’apaiser. Sur les données que vous aurez transmises, des questions susciteront. L’inconnu effraye, interroge. Il faut ici jouer la carte de la transparence. Parfois, il vous est difficile d’avoir du contrôle sur les situations, les gens le comprennent. Avouer que l’on se trouve dans le flou artistique reviendrait à dire que vous ne tenez plus la barque. Pourtant, on peut reconnaître manquer de visibilité, tout en rassurant sur le fait que plusieurs personnes ont été mobilisées pour contrer les difficultés. De cette façon, vous tranquillisez en montrant que vous faite en sorte que les choses se fassent en douceur et avec le moins de casse possible. Les individus ont juste besoin de sentir qu’on les comprend et que l’on se soucie de leur sort. C’est comme lorsque vous entrez dans une boutique. Vous appréciez quand le vendeur écoute vos inquiétudes et qu’il vous renseigne convenablement, même s’il avoue ne pas avoir la solution à l’instant T. Le simple fait, en tant que client, de savoir que l’on met tout en œuvre pour vous sortir du pétrin, vous apaise et vous libère l’esprit. Vous n’êtes plus seul face au problème. Pour les rumeurs sur l’avenir, il en est de même. Le personnel veut de la sécurité.
Une rumeur peut être pénible comme elle peut vous servir. Rien ne peut vraiment l’empêcher de circuler mais vous pouvez en faire quelque chose. Tout dépendra de la manière dont vous souhaitez agir. La rumeur se manie alors faites-en bon usage.